num 132

L'édito du n° 132

 

Voyage dans le temps 

L’histoire est-elle un éternel recommencement ? On finirait par le croire en poursuivant celle du pont Pochet et du port de Châlons auquel il est intimement lié. Nous les avions laissés dans notre précédent numéro à la veille du conflit franco-prussien de 1870-1971.Un bras de fer venait d’opposer la municipalité châlonnaise à l’administration de la Navigation, laquelle voulait transférer le port du Jard sur le canal Saint-Martin et construire les ponts Pochet et Jacquesson. 

Si seuls ces derniers virent alors le jour, l’administration tira les conséquences de ce conflit en ne leur prévoyant d’autre usage que le défruitement des terres agricoles qu’ils desservaient jadis. La ville, quant à elle, après avoir dressé des plans sur la comète du jard, s’avisa tardivement de transférer son port et se heurta à la fragilité de ces ponts. Un nouveau bras de fer s’en suivit pour aboutir à la construction du pont Pochet illustrant notre couverture, aujourd’hui disparu. Ce qui est une autre histoire à suivre dans notre prochain numéro.

Ce voyage dans le temps ne s’arrête cependant pas là. Nous vous invitons à le poursuivre avec un de nos compatriotes, Jean Buvat. Ecrivain à la bibliothèque du roi, il a acquis, à titre posthume, sa célébrité dans le cercle des historiens pour son journal de la Régence de Philippe d’Orléans. Elle lui vaudra de trouver place, le moment venu, dans la mise à jour du Dictionnaire des Châlonnais. M. Thilloy n’y aura par contre pas sa notice. Ce correspondant d’Alexis Guillemot nous renseigne sur l’élevage des oies au XIXe siècle en Champagne et nous met l’eau à la bouche avec les fameux pâtés de gaudas que l’on confectionnait avec.

Ce voyage se termine avec la nouvelle exposition du musée explorant la création artistique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. A proximité s’élèvent deux monuments, Notre-Dame et le marché couvert, que le printemps a mis sous le feu de l’actualité. La première va enfin faire l’objet d’un diagnostic, que nous réclamons depuis 20 ans, le second d’une rénovation et d’un changement partiel d’usage nous laissant fort dubitatif.

Une actualité pressante s’est invitée dans la composition de ce numéro, celle des platanes de l’avenue Valmy. Bien qu’ils soient parfaitement sains, l’agglomération de Châlons voudrait en abattre quatre afin de créer deux voies nouvelles, sans avoir réfléchi aux incidences de son choix. Ce dossier et les orientations 2025 de l’association ont été présentés lors de notre assemblée générale du 24 juin. 

Place désormais à un autre voyage dans le temps en empruntant un des wagons du CBR qui vous attendent à la bibliothèque...

Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association 



num 128

L'édito du n° 128

 

Du bruit à la fureur 

Les bruits de bottes et du canon se sont tus depuis 80 ans, et seul leur écho reste encore perceptible en feuilletant nos pages extraites de la chronique châlonnaise de la seconde guerre mondiale que nous publierons cet automne. Elles nous font découvrir André Jozon, préfet de la Marne pendant la drôle de guerre. Il s’y montra exemplaire, mais Pétain le limogea en septembre 1940 pour le remplacer par René Bousquet.

Nos adhérents ayant participé à l’assemblée générale de l’Association Nouvelle Catalaunie ont eu la primeur de la présentation de la première partie de cette chronique. Ils furent étonnés d’apprendre que sévissait alors un parti d’extrême-droite, le Rassemblement National Populaire. Antisémite et collaborationniste, il avait pignon sur rue, pas très loin de l’Espace Catalaunien, dans un local confisqué à un commerçant de confession juive. 

Cette chronique nous fait croiser le chemin d’Henri Lauvaux, une figure châlonnaise à qui la bibliothèque de Châlons vient de consacrer une exposition. Alors inspecteur de la Sûreté, détaché au secrétariat du commissariat, il est nommé secrétaire de police à la date du 1er janvier 1941. Il avait obtenu une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Paris en 1924 et fut acclamé comme il se doit à son retour. Ce numéro est également l’occasion de se remémorer que les épreuves de tir à grandes distances des Jeux Olympiques de Paris se sont déroulés au camp de Châlons.

Si notre assemblée générale se déroula dans le calme, il y fut pourtant question de bruit : celui que prétend réduire le Plan de Prévention du Bruit de l’Environnement, dû à la circulation automobile. Nos adhérents nous ont donné mandat d’intervenir sur ce dossier et c’est aujourd’hui chose faite. Deux impératifs ressortent de notre étude : finir le périphérique et mettre en œuvre un plan de mobilité. Reste à savoir si nous serons écoutés. Le Tribunal Administratif, lui, nous a entendus en rappelant à la ville de Châlons une évidence qu’elle prétendait ignorer : le bleu n’est pas incolore.

Nous terminions ce numéro en visitant les expositions du musée et de la Duduchothèque pour vous les présenter, et en réservant une place à celle de la Bibliothèque sur Notre-Dame, quand le Président de la République annonça la dissolution de l’Assemblée Nationale. Mettant ainsi le Rassemblement National aux portes du pouvoir, sa décision suscita beaucoup de bruit et de fureur. Ni neutre, ni partisane, mais citoyenne, notre association ne pouvait pas ne pas réagir. Elle a appelé à faire barrage au Rassemblement National, parti d’extrême-droite portant un projet aux antipodes de l’objet et des valeurs humanistes qu’elle défend. 

Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association