num 128

L'édito du n° 133

 

Le C.B.R., Delestrée et Chanzy

A priori, aucun lien n’existe entre le C.B.R., petit train à voies étroites, Delestrée, maire de la Révolution, et Chanzy, quartier en pleine rénovation. Aucun, si ce n’est l’oubli dans lequel les deux premiers sont tombés et duquel le troisième veut sortir.

Certes, du C.B.R., le Petit Catalaunien Illustré connaissait l’existence et avait en réserve quelques articles de presse glanés au fil de ses recherches dans la presse locale de la IIIe République. L’occasion de les sortir de l’ombre est venue avec l’ouverture au public de l’exposition que la bibliothèque municipale consacre à ce petit train. Il fit couler beaucoup d’encre et les Châlonnais lui donnèrent rapidement un surnom : la Compagnie des Brouettes Rémoises. 

Pourquoi ? Sans doute en référence à la définition que le dictionnaire de Furetière donnait en 1690 au verbe brouetter : « se dit de ceux qui se font traîner par la ville dans ces petites chaises ou vilains carrosses ».

Ces vilains carrosses, le sieur Delestrée les a connus et peut-être empruntés avant ou pendant la Révolution française, sans imaginer qu’un jour ils désigneraient un autre mode de locomotion. Ni que sa personne deviendrait le personnage principal d’un roman deux siècles plus tard. Curieux destin, au reste, que celui de ce notaire royal et apostolique, devenu lieutenant assesseur civil et criminel au siège présidial et, de ce fait, à même de mener des enquêtes et résoudre des énigmes policières, avant de devenir citoyen maire de Châlons, puis de tomber dans l’oubli. 

Les enquêtes criminelles que nous publions l’en font sortir. Ce roman plonge sa plume dans les dernières décennies de l’Ancien Régime à Châlons en mêlant fiction et réalité historique. Seule cette dernière est présente dans notre seconde publication. Elle nous fait revivre la tourmente révolutionnaire telle que l’a vécue le citoyen maire Delestrée et que le temps avait effacée de nos mémoires.

Et Chanzy, ce quartier que le départ de l’armée vouait aux oubliettes de l’histoire ? La Ville rêve de l’en sortir avec le musée du cirque. Elle veut en faire un élément d’attractivité attirant 50 à 80 000 visiteurs par an, plus que les voyageurs qu’attendaient nos anciens du C.B.R., plus que la population actuelle de Châlons, mais moins que le nombre de volontaires qui y passèrent durant le mandat de Delestrée, moins aussi que les cohortes imaginées par Planet A. L’avenir nous dira si cette nouvelle utopie sera la vérité de demain, le Saint-Nombril du monde circassien, ou un fiasco monumental.


Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association 



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L'édito du n° 128

 

Du bruit à la fureur 

Les bruits de bottes et du canon se sont tus depuis 80 ans, et seul leur écho reste encore perceptible en feuilletant nos pages extraites de la chronique châlonnaise de la seconde guerre mondiale que nous publierons cet automne. Elles nous font découvrir André Jozon, préfet de la Marne pendant la drôle de guerre. Il s’y montra exemplaire, mais Pétain le limogea en septembre 1940 pour le remplacer par René Bousquet.

Nos adhérents ayant participé à l’assemblée générale de l’Association Nouvelle Catalaunie ont eu la primeur de la présentation de la première partie de cette chronique. Ils furent étonnés d’apprendre que sévissait alors un parti d’extrême-droite, le Rassemblement National Populaire. Antisémite et collaborationniste, il avait pignon sur rue, pas très loin de l’Espace Catalaunien, dans un local confisqué à un commerçant de confession juive. 

Cette chronique nous fait croiser le chemin d’Henri Lauvaux, une figure châlonnaise à qui la bibliothèque de Châlons vient de consacrer une exposition. Alors inspecteur de la Sûreté, détaché au secrétariat du commissariat, il est nommé secrétaire de police à la date du 1er janvier 1941. Il avait obtenu une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Paris en 1924 et fut acclamé comme il se doit à son retour. Ce numéro est également l’occasion de se remémorer que les épreuves de tir à grandes distances des Jeux Olympiques de Paris se sont déroulés au camp de Châlons.

Si notre assemblée générale se déroula dans le calme, il y fut pourtant question de bruit : celui que prétend réduire le Plan de Prévention du Bruit de l’Environnement, dû à la circulation automobile. Nos adhérents nous ont donné mandat d’intervenir sur ce dossier et c’est aujourd’hui chose faite. Deux impératifs ressortent de notre étude : finir le périphérique et mettre en œuvre un plan de mobilité. Reste à savoir si nous serons écoutés. Le Tribunal Administratif, lui, nous a entendus en rappelant à la ville de Châlons une évidence qu’elle prétendait ignorer : le bleu n’est pas incolore.

Nous terminions ce numéro en visitant les expositions du musée et de la Duduchothèque pour vous les présenter, et en réservant une place à celle de la Bibliothèque sur Notre-Dame, quand le Président de la République annonça la dissolution de l’Assemblée Nationale. Mettant ainsi le Rassemblement National aux portes du pouvoir, sa décision suscita beaucoup de bruit et de fureur. Ni neutre, ni partisane, mais citoyenne, notre association ne pouvait pas ne pas réagir. Elle a appelé à faire barrage au Rassemblement National, parti d’extrême-droite portant un projet aux antipodes de l’objet et des valeurs humanistes qu’elle défend. 

Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association