L'édito du n° 133
Le C.B.R., Delestrée et Chanzy
A priori, aucun lien n’existe entre le C.B.R., petit train à voies étroites, Delestrée, maire de la Révolution, et Chanzy, quartier en pleine rénovation. Aucun, si ce n’est l’oubli dans lequel les deux premiers sont tombés et duquel le troisième veut sortir.
Certes, du C.B.R., le Petit Catalaunien Illustré connaissait l’existence et avait en réserve quelques articles de presse glanés au fil de ses recherches dans la presse locale de la IIIe République. L’occasion de les sortir de l’ombre est venue avec l’ouverture au public de l’exposition que la bibliothèque municipale consacre à ce petit train. Il fit couler beaucoup d’encre et les Châlonnais lui donnèrent rapidement un surnom : la Compagnie des Brouettes Rémoises.
Pourquoi ? Sans doute en référence à la définition que le dictionnaire de Furetière donnait en 1690 au verbe brouetter : « se dit de ceux qui se font traîner par la ville dans ces petites chaises ou vilains carrosses ».
Ces vilains carrosses, le sieur Delestrée les a connus et peut-être empruntés avant ou pendant la Révolution française, sans imaginer qu’un jour ils désigneraient un autre mode de locomotion. Ni que sa personne deviendrait le personnage principal d’un roman deux siècles plus tard. Curieux destin, au reste, que celui de ce notaire royal et apostolique, devenu lieutenant assesseur civil et criminel au siège présidial et, de ce fait, à même de mener des enquêtes et résoudre des énigmes policières, avant de devenir citoyen maire de Châlons, puis de tomber dans l’oubli.
Les enquêtes criminelles que nous publions l’en font sortir. Ce roman plonge sa plume dans les dernières décennies de l’Ancien Régime à Châlons en mêlant fiction et réalité historique. Seule cette dernière est présente dans notre seconde publication. Elle nous fait revivre la tourmente révolutionnaire telle que l’a vécue le citoyen maire Delestrée et que le temps avait effacée de nos mémoires.
Et Chanzy, ce quartier que le départ de l’armée vouait aux oubliettes de l’histoire ? La Ville rêve de l’en sortir avec le musée du cirque. Elle veut en faire un élément d’attractivité attirant 50 à 80 000 visiteurs par an, plus que les voyageurs qu’attendaient nos anciens du C.B.R., plus que la population actuelle de Châlons, mais moins que le nombre de volontaires qui y passèrent durant le mandat de Delestrée, moins aussi que les cohortes imaginées par Planet A. L’avenir nous dira si cette nouvelle utopie sera la vérité de demain, le Saint-Nombril du monde circassien, ou un fiasco monumental.
Sabine Schepens, rédactrice en chef,
Bruno Malthet, président de l’association