num 101

Le n° 101 l'édito

 

Au chevet de nos soldats

Alexis Robillard fait partie de ces personnages qu’on qualifie souvent d’original. Marie-Claude Fortier, membre de la Société des Amis de Pasteur, nous le fit découvrir en 2015 lorsqu’elle nous interrogea sur cet infirmier pasteurien de la Grande Guerre. Elle souhaitait accéder à des opuscules qu’il publia lors de son passage à l’hôpital militaire temporaire n° 3 installé à l’Ecole Normale de Garçons, l’ancienne abbaye de Toussaints, et qui sont conservés à la bibliothèque de Châlons. Nous lui apportâmes volontiers notre aide en nous interrogeant sur la place que nous pourrions donner à ce singulier sergent - infirmier dans un prochain Petit Catalaunien Illustré. Puis, ne l’ayant pas trouvée, nous l’oubliâmes.


Au moment de préparer ce numéro 101, Alexis Robillard se rappela à notre bon souvenir. Il nous fallait dépasser la frustration que laisse au chercheur la lecture de ces opuscules et en savoir un peu plus sur cet énigmatique personnage. Sous quel angle devions-nous le présenter ? Au fur et à mesure que son image sortait de l’ombre et que les brumes de la Grande Guerre se déchiraient, le malaise qui, à l’origine, nous avait envahi, commença à se dissiper. Certes, l’intéressé laisse l’image d’un excentrique, adepte de la numérologie, une pratique fort peu scientifique et sans rapport avec les travaux de Pasteur dont il se dit vulgarisateur. Mais il était aussi un conférencier dont la bibliothèque conserve la trace de son passage à Châlons.


Son côté quelque peu loufoque au pays de Pierre Dac avait-il laissé d’autres souvenirs ? Nous les cherchâmes en vain dans la presse locale mais y trouvâmes ce que, secrètement, nous cherchions : les soldats blessés, éclopés et malades qui, quatre années durant, emplirent les hôpitaux militaires de Châlons. Robillard fut au chevet de nombre d’entre eux et, avec lui, d’autres infirmiers et infirmières, du service de santé de l’armée ou de la Croix-Rouge, pour assister le corps médical. Il y avait là un vaste sujet venant resituer notre personnage dans son contexte châlonnais et qu’il nous fallait restituer.


Nous l’avons fait au détriment du dossier que nous avions préparé et annoncé sur le nom des communes de la Catalaunie sous la Révolution qui n’avait déjà pas pu trouver place dans notre hors-série sur « les 2000 ans d’histoire(s) du nom de Châlons ». Sa publication n’est que partie remise et, en attendant, l’auditorium de la bibliothèque nous ouvrira ses portes le 26 janvier pour une conférence, ayant pour titre «Châlons, crénom de noms !», où tous nos adhérents et abonnés sont invités. En attendant, également, notre volet société nous rappelle que, avec la protection du patrimoine, le développement durable de la Catalaunie et la démocratie participative sont au cœur de nos préoccupations. D’où la place que ce numéro accorde aux travaux du Conseil de Développement dont est membre notre association. 


Sabine Schepens               Bruno Malthet

rédactrice en chef             président de l’association