Num 114 édito

L'édito du n° 114 

Voyage dans le temps

Tout, ou presque, dans ce numéro, nous invite à voyager dans le temps. Tout a commencé par un courrier d’un de nos adhérents. Il était à la recherche de renseignements sur une coopérative ouvrière châlonnaise dans laquelle travailla son grand-père. De fil en aiguille, nos échanges glissèrent sur une bien curieuse symphonie pastorale. Elle se mit à résonner et, après une escapade à Courtisols, nous transporta au kiosque du Jard où, jadis, on donnait des concerts chaque dimanche.


De là, notre regard se porta sur la passerelle qui attendait le printemps pour se refaire une beauté. Elle semblait nous implorer d’écrire son histoire que personne, jusqu’à présent, n’avait pris la peine d’explorer. Il nous revint alors à l’esprit les gravures de Barbat représentant à sa place un pont tournant et une autre passerelle. Que s’était-il donc passé entre temps pour qu’on en vienne à supprimer ces deux ouvrages d’art ? On prétend parfois que la curiosité est un fort vilain défaut, sans doute parce qu’elle permet à ceux qui cherchent à comprendre de découvrir ce que le voile de l’histoire s’est plu à nous cacher. Nous sommes donc aller fouiller dans les archives de la ville pour écrire cette première partie de l’histoire inédite de la passerelle.


Elle date de 1880, époque où l’on édifia le marché couvert après avoir poursuivi l’œuvre d’Alexandre Godart en recouvrant le Mau, entre la place portant son nom et le pont de Putte-Savate. Cet élégant édifice est bordé de deux rues portant le nom de deux hommes d’État, Gambetta et Thiers, qui jouèrent un rôle éminent pour installer durablement la République dans un pays encore profondément dynastique. 


Le second est parfois dénommé le « bourreau de la Commune ». Nous avons voulu comprendre pourquoi une municipalité républicaine avait ainsi honoré la mémoire du premier président de la IIIe République. 

Il nous fallait, pour cela, clore le cycle d’articles que nous avons consacrés à la guerre franco-prussienne de 1870-1871. Notre voyage dans le temps nous ramena donc au temps de la Commune (18 mars – 21 mai 1871), non pas tant pour vous la conter, ce qui sortirait de notre cadre, mais afin de tenter de comprendre comment les Châlonnais, alors occupés par les Allemands, vécurent cette période tragique de notre histoire. 


Le retour aux temps présents ne laisse guère de place, dans ce numéro, à notre rubrique Société. Elle est troublée par notre abandon du recours, pour un vice de procédure ô combien rageant ! que nous avions engagé contre le permis de démolir de l’immeuble situé rue des Lombards faisant face à Saint-Alpin. Faut-il pour autant se laisser abattre et baisser les bras dans le combat que nous menons pour protéger le patrimoine ? Certainement pas ! 


La crise que nous vivons depuis un an déjà doit par contre nous inciter à nous projeter dans l’avenir. Cette projection est d’autant plus nécessaire que, fin 2021, notre association et son journal auront trente ans. Comment allons-nous aborder ce futur ? Ce sera à notre prochaine assemblée générale d’en décider. 


Sabine Schepens, rédactrice en chef 

Bruno Malthet, président de l’association