num 117

L'édito du n° 117 - hiver 2021-2022

 

De toutes les couleurs...

Bien avant d’entrer au Panthéon le 30 novembre dernier, Joséphine Baker est passée par Châlons le 18 janvier 1957 afin de donner une conférence contre le racisme. Un sujet qu’elle connaissait bien, étant noire de peau, et qui l’avait conduit à fonder sa « tribu arc-en-ciel » en adoptant douze enfants de toutes origines et multiconfessionnels. « Il n’y a qu’une seule race, la race humaine », proclama-t-elle, ce qui lui valut d’être chaudement applaudie. 65 ans plus tard, son message est toujours d’actualité. Le racisme prospère désormais sans retenue dans le discours anti-étrangers et anti-migrants des candidats d’extrême droite à l’élection présidentielle. Parce que leur discours de haine est contraire aux valeurs que nous portons, nous appelons nos adhérents, nos abonnés et, au-delà, nos concitoyens, à ne pas donner leur voix en avril prochain à ces candidats, au premier tour et, si l’un d’eux y parvient, au deuxième tour.

Si jamais elle fut peinte de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, la passerelle reliant le grand Jard au Jard anglais en connut cependant plusieurs. Le troisième et dernier volet de son histoire inédite nous les fait découvrir, ainsi que les vicissitudes qu’elle a connues depuis sa construction en 1888. Saviez-vous qu’elle fut longtemps défigurée par une « cage » protégeant les câbles électriques des engins de halage des péniches ? Qu’elle fut minée en 1940 et qu’elle devait être remplacée par une plate forme rudimentaire aussi grossière qu’inesthétique ?

Inesthétique ? Ce mot est bien trop faible pour qualifier les tags qui enlaidissent régulièrement les piliers des ponts et les façades et pignons des immeubles. Ceux autorisés par la ville de Châlons rue Gobet Boiselle viennent de disparaître avec la démolition de l’immeuble face à Saint-Alpin. D’autres sont apparus, en altitude, rues Émile Leroy et Jules Lobet, ainsi que sur la passerelle reliant le Jard anglais à la rive droite de la Marne. Cette prolifération a conduit l’association à intervenir auprès de la municipalité afin qu’elle prenne le taureau par les cornes. 

Mais comment sévir contre les auteurs de ces dégradations quand par ailleurs la ville, avec son «projet global d’embellissement du centre-ville», encourage de telles oeuvres picturales en délivrant des autorisations ne reposant sur aucune base légale connue ? Comment également faire respecter le règlement du Site patrimonial remarquable quand un propriétaire peint ses pans de bois en bleu et que la municipalité essaie de nous enfumer après avoir reconnu le caractère illégal de cette couleur ? Quant au blanc, fait-il des éoliennes des moulins diaboliques contre qui certains Don Quichotte partent en guerre ? 

Sabine Schepens, rédactrice en chef  

Bruno Malthet, président de l’association

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