L'édito du n° 119
Du pain sur la planche...
Du pain sur la planche, nous en eûmes beaucoup ce printemps ! Il ne nous a pas permis, comme annoncé dans notre précédent numéro, de finaliser notre histoire insolite de la Porte Sainte-Croix. Mais ce n’est que partie remise. Nous consacrons par contre une large place à la suite de l’histoire sociale des coopératives de consommation châlonnaises. Ce deuxième volet s’intéresse principalement à celle fondée en 1886 par les cheminots de Châlons. Elle va se développer en vase-clos, sans laisser beaucoup de traces dans les archives, et connaître l’âge d’or des sociétés coopératives de consommation ouvrières qui, au début du XXe siècle, se multiplient partout en France.
Si beaucoup furent éphémères, elle, elle va battre un record de longévité : 120 ans. Son économat, dénommé la baïoca, et sa boulangerie ont été fréquentés par cinq générations de familles cheminotes. Ils en ont fait la fierté et, sans doute, un sujet de jalousie de la part de ceux qui n’avaient pas accès à cette économie sociale et solidaire permettant à ses sociétaires de lutter contre la vie chère, comme on disait à l’époque.
Lorsque sonna l’heure du déclin du système coopératif né au XIXe siècle, la Société Coopérative des Agents de l’Est a su résister en se concentrant sur sa boulangerie. Ses sociétaires y achetaient leur pain 10% moins cher avec des jetons spécialement fabriqués pour la coopérative par un graveur sur métaux. Mais l’usure de l’âge de son président et l’absence de relève, cette plaie mortelle qui ronge peu à peu le bénévolat, auront raison d’elle.
Sur notre planche à pain, une autre tranche nous attendait : la protection du patrimoine. Sa consistance nous a conduits à saisir de nouveau le tribunal administratif, à nous plonger sur l’histoire de la colorisation des pans de bois et à découvrir la façon dont la ville de Châlons s’arrange pour contourner les règlements qu’elle a elle-même adoptés.
Deux autres mauvaises surprises nous attendaient avec sa décision de modifier son Plan Local d’Urbanisme, sans tambour ni trompette, sur deux secteurs emblématiques ; l’îlot de l’ancienne polyclinique Priollet et le quartier Chanzy. Le premier projet menace de livrer aux bûcherons l’espace vert public qui le borde ; le second, d’ériger des éoliennes au coeur de ce quartier en devenir.
Le Conseil communautaire, qui a désormais la compétence « urbanisme », s’est prononcé sur ces projets. Ils ont alimenté les débats lors de notre assemblée générale, le 20 juin dernier, dont nos adhérents trouveront les rapports annexés à ce numéro.
Sabine Schepens, rédactrice en chef
Bruno Malthet, président de l’association.