num 128

L'édito du n° 130

 

Au fil du temps 

Ce cent trentième numéro du Petit Catalaunien Illustré nous invite à suivre le fil du temps, celui qui passe inexorablement, transformant le futur en présent et le présent en passé.

Ce voyage nous conduit au musée où les collections archéologiques refont surface dans leur salle historique après 20 ans d’éclipse. Leur décor a changé et, tant que la volonté politique fera défaut, leur exposition restera temporaire. Raison de plus pour les visiter et avoir une pensée pour les antiques générations qui nous ont précédées, pour les archéologues qui les ont fait ressurgir de la nuit des temps et pour le fantôme gaulois du circitor Furius Antoninus.

Le hasard fait parfois bien les choses quand on remonte l’histoire des temps passés. Il nous a fait découvrir ce marqueur des jours et mois de l’année à venir que sont les calendriers. Dès le Moyen-Âge, ils apparaissent dans les livres d’heures conservés par la Bibliothèque en contournant d’une façon ingénieuse le caractère annuel qu’on leur connaît aujourd’hui. Celui-ci apparaît dès 1769 dans la collection que nous avons explorée et nous révèle, au fil des ans, les autres fonctions de ces almanachs locaux. Ancêtres des « applis » qui peuplent aujourd’hui nos téléphones portables, elles nous permettent de savoir où et quand emprunter les diligences et autres voitures publiques pour se rendre à Paris, Reims ou Strasbourg, ou bien encore pour diriger les pas de nos sabots vers les nombreux champs de foire du département.

En attendant la suite de cette passionnante enquête, ce numéro vous invite à poursuivre ce voyage dans le temps en découvrant Madeleine Chapelle, cette Châlonnaise qui fut l’ange gardien du peintre Ingres, le projet qu’avait Gustave Navlet d’achever la décoration de la porte Sainte-Croix, les archives de nos littérateurs locaux, ou encore l’histoire d’un des retables de Saint-Alpin. Sa restauration dépend de l’accueil qui sera fait à la souscription lancée par la Ville et la Fondation du Patrimoine, à laquelle nous vous invitons à participer.

Le temps présent ouvre les portes du futur sans que l’on sache véritablement de quoi il sera fait. La ville de demain sera-t-elle vraiment intelligente, comme le prétend le projet devant livrer à « big brother » des millions de données publiques et personnelles ? Ou bien aura-t-elle les pieds dans l’eau à la suite d’un phénomène climatique provoquant une crue plus que centennale nécessitant d’activer le plan communal de sauvegarde adopté par la collectivité ? Nul ne le sait vraiment et il nous faudra suivre le fil du temps à venir pour le découvrir.

Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association 



num 128

L'édito du n° 128

 

Du bruit à la fureur 

Les bruits de bottes et du canon se sont tus depuis 80 ans, et seul leur écho reste encore perceptible en feuilletant nos pages extraites de la chronique châlonnaise de la seconde guerre mondiale que nous publierons cet automne. Elles nous font découvrir André Jozon, préfet de la Marne pendant la drôle de guerre. Il s’y montra exemplaire, mais Pétain le limogea en septembre 1940 pour le remplacer par René Bousquet.

Nos adhérents ayant participé à l’assemblée générale de l’Association Nouvelle Catalaunie ont eu la primeur de la présentation de la première partie de cette chronique. Ils furent étonnés d’apprendre que sévissait alors un parti d’extrême-droite, le Rassemblement National Populaire. Antisémite et collaborationniste, il avait pignon sur rue, pas très loin de l’Espace Catalaunien, dans un local confisqué à un commerçant de confession juive. 

Cette chronique nous fait croiser le chemin d’Henri Lauvaux, une figure châlonnaise à qui la bibliothèque de Châlons vient de consacrer une exposition. Alors inspecteur de la Sûreté, détaché au secrétariat du commissariat, il est nommé secrétaire de police à la date du 1er janvier 1941. Il avait obtenu une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Paris en 1924 et fut acclamé comme il se doit à son retour. Ce numéro est également l’occasion de se remémorer que les épreuves de tir à grandes distances des Jeux Olympiques de Paris se sont déroulés au camp de Châlons.

Si notre assemblée générale se déroula dans le calme, il y fut pourtant question de bruit : celui que prétend réduire le Plan de Prévention du Bruit de l’Environnement, dû à la circulation automobile. Nos adhérents nous ont donné mandat d’intervenir sur ce dossier et c’est aujourd’hui chose faite. Deux impératifs ressortent de notre étude : finir le périphérique et mettre en œuvre un plan de mobilité. Reste à savoir si nous serons écoutés. Le Tribunal Administratif, lui, nous a entendus en rappelant à la ville de Châlons une évidence qu’elle prétendait ignorer : le bleu n’est pas incolore.

Nous terminions ce numéro en visitant les expositions du musée et de la Duduchothèque pour vous les présenter, et en réservant une place à celle de la Bibliothèque sur Notre-Dame, quand le Président de la République annonça la dissolution de l’Assemblée Nationale. Mettant ainsi le Rassemblement National aux portes du pouvoir, sa décision suscita beaucoup de bruit et de fureur. Ni neutre, ni partisane, mais citoyenne, notre association ne pouvait pas ne pas réagir. Elle a appelé à faire barrage au Rassemblement National, parti d’extrême-droite portant un projet aux antipodes de l’objet et des valeurs humanistes qu’elle défend. 

Sabine Schepens, rédactrice en chef,

Bruno Malthet, président de l’association 



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