L'édito du n° 74
Les oubliettes de l’histoire
Jean-Paul Barbier fait partie des personnages qui marquèrent leur temps et leurs contemporains. Il possédait une farouche détermination, celle de retrouver la trace de ceux qui imprimèrent la leur à leur époque. Parce que la mémoire humaine est volatile, elle finirait par oublier ce que les générations passées lui ont transmis pour les générations futures si des historiens ne revisitaient pas régulièrement les oubliettes de l’Histoire. Jean-Paul Barbier était de ceux-là. Aussi Le Petit Catalaunien Illustré, qui lui doit de nombreux articles, lui rend-il un hommage amplement mérité.
Ces recherches dans les oubliettes de l’Histoire donnent parfois lieu à de bien curieuses découvertes. Comme celles que fit notre président après une nuit passée à compter les 99 moutons du fameux – ou fâcheux – dicton champenois. De ce voyage, il remonta avec une idée de chronique moutonnière qu’il se promit d’écrire cet été. Sur le chemin du retour, il sauta, comme de juste, à saute-moutons et entreprit d’explorer également le Concours horticole de 1861 à l’occasion duquel on planta un fau de Verzy au Petit-Jard. Ce concours s’avéra n’être qu’une des manifestations qui marquèrent la première foire-exposition des temps modernes. Une manifestation dont on célèbrera donc cette année tout à la fois le 150e anniversaire et la 65e édition.
On oublie souvent qu’à cette époque, on divisa le Jard en deux parcs : le Grand et le Petit Jard. Ce dernier est un jardin remarquable. Les Châlonnais le savent depuis longtemps, mais les guides touristiques attendaient un label pour l’écrire. Voilà qui est fait et qui nous donne l’occasion d’une part de redonner vie, l’espace d’un numéro, aux statues de la mythologie qui ornaient ses allées, d’autre part de rétablir un point d’histoire déformé par la communication officielle.
L’ignorance n’est cependant rien face au mensonge officiel qui, si on n’y prend garde, devient vite une vérité historique. Aussi le Petit Catalaunien a-t-il revisité un récent rapport de la Chambre régionale des Comptes ayant épinglé les turpitudes et dérives financières du budget municipal. Il est allé rechercher la vérité dans les oubliettes où, pour ternir la réputation de notre association, le maire de Châlons avait cru devoir la jeter.
C’est courageux, mais aussi dangereux car, comme le chante Guy Béard, le premier qui dit la vérité doit être exécuté. Est-ce pour cela que le Tribunal administratif a rejeté le recours de notre association ? N’avait-elle pas remonté des oubliettes de l’histoire châlonnaise des crues politiquement incorrectes ?
Qu’importe ! Notre devoir était de dire la vérité, tout comme il est aujourd’hui d’adhérer au réseau Sortir du nucléaire. Nous devons sortir des oubliettes de l’histoire la vérité que les lobbies nucléaires nous cachent depuis des décennies.
Sabine Schepens
rédactrice en chef