num 75

L'édito du n° 75


De l’utilité des temps

Tout l’été, le Petit Catalaunien a jonglé avec le futur antérieur, ce temps qui indique qu’une action future aura lieu avant une autre action future. Sa feuille de route était apparemment bien tracée : finaliser le hors-série « la Foire des origines » avant de passer au numéro 75. 


Mais les choses simples sont souvent plus compliquées qu’il n’y paraît. Pour des raisons techniques, la rétrospective des 150 dernières années nous séparant de cette « foire des origines » ne  pouvait pas être intégrée à ce hors-série. Le futur numéro 75, qui piaffait d’impatience dans son box, s’offrit aussitôt pour l’accueillir et exigea, tout de go, de sortir en même temps, avec un mois d’avance sur le calendrier. Et, pour faire bonne figure, avec 4 pages de plus que la normale. Ainsi fut-il fait. 


Chemin faisant, le temps fit son oeuvre. Nos futurs numéros se conjuguèrent rapidement au présent avant de rejoindre aussitôt le passé simple. Celui-ci a un  passé qui leur est bien antérieur et  qui remonte presque à la nuit des temps, à la sortie du premier Petit Catalaunien Illustré. C’était il y aura bientôt 20 ans, l’âge de l’amitié qui le lie à Lassina Millogo qui, dans ce numéro, sera votre guide de la culture Bobo. La célébration de ce 20ème anniversaire appartient encore au futur et sera précédée de la journée des associations. Elle se tient le 25 septembre et, bien sûr, nous y serons présents.


Parfois, le futur se fait rattraper par le passé. Le projet des grands lacs de Seine demande aux Champardennais d’être solidaires des Franciliens en oubliant soigneusement de leur expliquer les tenants et aboutissants du dossier. Si l’histoire est un éternel recommencement, elle permet aussi d’éclairer le présent. Ainsi en va-t-il de celle de nos aînés qui, en 1861, sont montés au créneau, ou plutôt à Châlons, pour protester contre le projet de la capitale. Craignant de manquer d’eau, elle envisageait de prendre la leur. 


En 2008, nous envisagions le futur Agenda 21 avec un préalable : la démocratie participative. Sa phase préliminaire a été passablement oubliée, sans doute parce qu’elle relevait d’un temps peu usité à Châlons. Ce futur, bizarrement, voit le patrimoine comme une menace et paraît prétendre faire table rase du passé. Comment peut-on à ce point ignorer que le développement durable porte aussi sur le patrimoine ? Celui-ci se conjugue pourtant à tous les temps de notre passé pour mieux nous rappeler de le transmettre aux générations futures.

Sabine Schepens

rédactrice en chef


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