L'édito du n° 79
Vous avez dit « ras-le-bol » ?
En ce début d’automne, la crise économique est là et, avec elle, son lot de morosité et de pessimisme. Après un printemps prometteur où tout semblait possible, plus rien ne semble aller au fur et à mesure que chacun prend la mesure des événements. La grisaille s’installe plus tôt que prévu. Les couleurs paraissent si fades que l’hiver est dans toutes les têtes avant même la chute des feuilles mortes. Ce numéro du Petit Catalaunien Illustré n’échappe pas à cette sinistrose.
Certes, il y a bien ce bleu céleste, ce cadeau de départ que nous offre Philippe Pagnotta, conservateur en chef des musées de Châlons. Mais il ne suffit ni à égailler notre quotidien, ni à nous rassurer sur l’avenir immédiat du projet scientifique et culturel qu’il laisse à sa successeure, tant les nuages noirs s’accumulent au-dessus de l’horizon. Ils le bouchent même jusqu’aux portes du musée de la machine à coudre dont pourtant la collection mériterait que l’on s’inquiète réellement de son devenir. Etonnez-vous après que, piqué au vif par une vilaine diatribe, le Petit Catalaunien nous livre quelques humeurs muséales !
Et dire que le pire est devant nous ! La crise aura sans doute bon dos, demain, lorsqu’il s’agira d’effectuer des choix déterminants pour le patrimoine châlonnais. Notre Châlonnais célèbre, Octave Beuve, conservateur des musées de 1910 à 1921, ouvrait les renseignements pratiques de son Guide du touriste à Châlons sur l’hôtel de la Haute-Mère-Dieu. Pensait-il à lui lorsqu’il nous fixait comme objectif « le respect du vieux Châlons » ? Nous publions son message à l’heure où les pires menaces pèsent sur l’avenir de la façade de cet hôtel en ruine. En déclenchant l’alerte rouge, l’assemblée générale de l’association Nouvelle Catalaunie l’a parfaitement entendu.
D’où la nécessité d’oublier la sinistrose ambiante et d’en revenir à nos moutons. Ceux du dicton, certes, dont la chronique est bloquée par quelques déboires, mais aussi aux autres dossiers que nous suivons de près. Ainsi en va-t-il de la rénovation de l’abbaye de Toussaint ou encore de l’évolution du dossier du jeune Blendon qui, depuis huit mois, est privé de soins et d’école. Qui disait, déjà, que le changement, c’est maintenant ? Qu’il tarde ainsi sur ce dossier est inacceptable.
Cet automne, paraît-il, le changement, c’est le nouveau parc des expositions, tout flambant neuf, dont on nous jurait encore hier qu’il serait de haute qualité environnementale. La vérité, elle, est tout autre. Le développement durable bat de l’aile à Châlons et l’éteignoir technocratique posé sur l’Agenda 21 de l’agglomération n’est pas là pour nous rassurer, malgré l’intention de la Région Champagne-Ardenne de s’intéresser de près à la géothermie.
Comment s’étonner, après tout ça, du titre de notre couverture ? Pour autant, rassurez-vous : tout comme l’UFC Que choisir avec son pacte consummériste, nous ne baissons pas les bras ! Même un peu morose, le Petit Catalaunien Illustré reste déterminé et combatif afin de faire bouger les choses.
Sabine Schepens
rédactrice en chef