num 84

L'édito du n° 84 

Pour qui sonne le glas ?

«Lever les brumes de Toussaint sur l’horizon de la nouvelle Catalaunie», écrivais-je en concluant mon éditorial du numéro 29, à l’automne 1999. A cette époque, nous nous inquiétions déjà du sort qui attendait cette ancienne abbaye oubliée du patrimoine châlonnais dont j’avais cru entendre la cloche nous appeler au secours. Nous la disions malade et attendant désespérément d’être restaurée. Notre diagnostic était bon mais, faute d’une boîte à outils opérationnelle, le remède se fait toujours attendre. Aujourd’hui, Toussaints, à qui ce numéro rend son pluriel, agonise. C’est, nous dit-on, la faute aux vandales qui l’ont sauvagement dévastée. C’est sans doute vrai, si on s’en tient à l’apparence que nous avons décrite dans notre numéro 82 de l’été 2013. Mais les véritables responsables sont ailleurs. Ils préfèrent cultiver leur amnésie plutôt que d’agir, malgré le tocsin qui, avant le glas, déchire désormais les brumes.

 

L’association Nouvelle Catalaunie s’est penchée au chevet de Toussaints, conformément au mandat que ses adhérents lui ont donné en juin dernier. Il est trop tôt, à l’heure où j’écris cet éditorial, pour donner le moindre résultat de l’action qu’elle a engagée depuis pour conjurer le mauvais sort qui s’est acharné sur elle. Nous lèverons le voile sur cette action lors de notre assemblée générale du 17 janvier 2014 que nous consacrerons au patrimoine. En attendant, ce numéro du Petit Catalaunien a entrepris de vous raconter l’histoire presque millénaire de cette abbaye, à l’origine hors les murs de la ville, plusieurs fois pillée et brûlée, reconstruite intra muros au XVIe siècle et agrandie aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, avant de souffrir pendant la première guerre mondiale puis de subir les infamies du début de notre XXIe.


Cette assemblée générale sera aussi l’occasion de vous tenir informés de l’avancement d’un autre dossier suivi par l’association, la Haute-Mère-Dieu. Il ressemble étrangement à l’histoire du pot de fer voulant briser le pot de terre, à moins que ce soit celle de la terre brûlée destinée à détruire définitivement toute défense organisée du patrimoine. Pourtant, celle-ci est plus que jamais nécessaire à l’heure où la ville de Châlons tarde à transformer la zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) en aire de valorisation de l’architecture et du patrimoine (AVAP). Cette transformation ne verra peut-être jamais le jour. Un projet de loi est en effet annoncé depuis septembre dernier et prévoirait de tout chambouler afin, nous dit-on, de simplifier pour mieux protéger. 


L’année 2014 qui s’ouvre devant nous marquera-t-elle un tournant décisif dans la défense du patrimoine que nous portons ? Ce sera à vous d’en décider lors de cette assemblée générale que nous terminerons dans la convivialité avec les traditionnels voeux de la nouvelle année.

Sabine Schepens

rédactrice en chef

 

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