num 86-1

L'édito du n° 86-1

 

Un trimestre très patrimoine

Pour notre association, ce premier trimestre de l’année est marqué d’un sceau patrimonial indéniable. Il a laissé son empreinte sur notre assemblée générale du 17 janvier dernier dont l’objet était de poursuivre notre réflexion sur l’avenir de la protection du patrimoine à Châlons. Elle fut l’occasion de faire un point d’étape sur les deux dossiers sur lesquels l’association avait engagé une action, conformément au mandat que lui avait donné notre précédente assemblée générale : l’abbaye de Toussaints et la Haute-Mère-Dieu.


Ces deux dossiers sont aujourd’hui réglés. Ils nous montrent que les voies pour y parvenir empruntent des chemins différents avant de converger vers la seule issue possible : une solution concertée. En cela, notre association a retenu la leçon de l’affaire du centre culturel Pierre Dac qui s’est soldée par une victoire à la Pyrrhus pour le patrimoine. Certes, les « Amis du Vieux Châlons » ont obtenu à l’époque l’annulation du permis de construire, soutenu en cela par leur ancien trésorier et un excellent avocat. Mais leur intransigeance, qu’ils clamaient exempte de toute arrière-pensée politique, n’a pas permis d’aboutir à une solution concertée avant les élections municipales de 1995. Si promesse fut alors faite de raser l’édicule, elle fut vite enterrée par l’ancien trésorier et l’avocat qui, entre temps, étaient devenus maire et conseiller délégué. 


Nous, nous avons toujours privilégié la concertation, en estimant qu’il vaut mieux obtenir un bon arrangement que gagner un procès qui déboucherait sur un remède pire que le mal. Si ce fut chose relativement aisée avec l’abbaye de Toussaints, il en a été différemment avec la Haute-Mère-Dieu, bien que son résultat était en apparence beaucoup plus simple à obtenir. Mais, mue par on ne sait quelle forme d’autisme, la ville de Châlons a refusé d’engager la concertation qu’appelait l’intérêt général. Elle a privilégié la confrontation, le pot de fer contre le pot de terre, sans doute pour en tirer quelques profits électoraux, comme en 1995, à la veille des élections municipales. Notre association et ses dirigeants ont donc été assignés devant le Tribunal de Grande Instance pour recours abusif et se sont vus réclamer, excusez du peu, la bagatelle de 616 753,14 € de dommages et intérêts, un montant aussi extravagant que démentiel sorti d’on ne sait où ! 


La suite, chacun la devine. Nous ne sommes pas du genre à nous laisser intimider par une procédure qui, dès le départ, était vouée à l’échec. David est sorti du pot de terre et a sorti son lance-pierres. Le géant Goliath, quelque peu désemparé par l’audace d’un adversaire qui avait tenu le choc face au séisme que son action judiciaire était sensée provoquer, a dû mettre genoux à terre et aller à Canossa. La concertation tant honnie fut enfin ouverte, avec six mois de retard. Elle a abouti à la solution de bon sens que nous appelions de nos voeux dès l’origine. Les travaux vont enfin pouvoir commencer.  



Pour pallier le temps, l’argent et l’énergie perdus, nous avons repris nos habits de lanceur d’alerte, d’ouvreur de conscience. Nous avons interrogé le maire sortant et les candidats à sa succession sur la protection du patrimoine. Nous publions nos interpellations, les réponses obtenues et nos analyses, ainsi qu’un dossier sur l’hérésie que constituerait l’implantation d’un skatepark dans les fosses du grand Jard. Quel que soit le candidat qui occupera le siège de maire au lendemain des élections municipales, nous en attendons des rapports apaisés et une concertation respectueuse du fait associatif, quand bien même des désaccords sur le fond ou la forme subsisteraient entre notre association et la municipalité.  

Bruno Malthet

président de l’association

Nouvelle Catalaunie