L'édito du n° 87
La libération de Châlons vue par la presse
Ce numéro spécial est le deuxième volet mémoriel que nous consacrons aux commémorations émaillant l’année 2014. Le 29 août prochain, cela fera soixante-dix ans que les Alliés libéraient Châlons et sa région du joug du régime nazi et de ses inféodés nationaux incarnés par le gouvernement de Vichy et la collaboration.
Cette libération est le fruit d’une série d’évènements qui l’ont précédée et sans lesquels elle n’aurait pas été possible. L’un d’eux fut particulièrement tragique : le bombardement du 27 avril 1944 et ses 79 victimes civiles mortes pour que revive la liberté de la France. D’autres évènements, souvent méconnus de leurs contemporains lorsqu’ils se produisirent, n’en furent pas moins douloureux. Ainsi en va-t-il de l’exécution de 49 patriotes morts glorieusement en martyrs et héros de la Résistance sous les balles ennemies, les mains attachées au poteau d’exécution.
Comme dans notre précédent numéro consacré à la Campagne de France de 1814, nous avons fait le choix de commémorer le soixante-dixième anniversaire de notre Libération en rafraîchissant notre mémoire collective. Ce numéro spécial permet de comprendre le contexte qui précéda, accompagna et suivit ces heures de bonheur et de ferveur patriotique clôturant une des périodes les plus sombres de notre histoire. Pour ce faire, nous avons sélectionné une série d’articles publiés à cette époque dans deux journaux. Le premier, où nous avons abondamment puisé, est L’Union Républicaine. Il se saborde en juin 1940 et ne reparaît que le 1er septembre 1944. Sa nouvelle direction s’attelle immédiatement à son devoir de mémoire en publiant une rétrospective des journées glorieuses qui précèdent et suivent celle de la libération de Châlons. Servant l’histoire, elle le poursuit et l’approfondit les semaines suivantes.
L’autre journal, l’Eclaireur de l’Est, ne suit pas la même voie en juin 1940. Il poursuit sa publication, est collaborationniste et sera réduit au silence le 29 août 1944. Derrière le verbe, souvent corrompu par la désinformation et le désir de satisfaire aux exigences de l’occupant, se cachent des réalités factuelles, tels des bombardements, ou idéologiques qu’on ne peut ignorer. Les quelques brèves que nous en avons extraites illustrent le fossé qui sépare à jamais l’armée de l’ombre qui préparait le retour de la République et ces zélateurs serviles de l’Etat français et du régime nazi.
A la veille du 70ème anniversaire de la chute du régime de Vichy qui souilla la France durant ces quatre années de collaboration, ses héritiers sont revenus en force aux dernières élections municipales et européennes. La France serait-elle devenue amnésique ? A-t-elle oublié jusqu’où nous a menés l’extrême droite ? Plus que jamais, le devoir de mémoire s’impose à tous pour préserver la République et la Démocratie du retour du spectre de Vichy.
Bruno Malthet
président de l’association