num 88

L'édito du n° 88

1914 - 2014 : Châlons dans la tourmente

L’occupation de Châlons du 4 au 11 septembre 1914 par l’armée allemande a révélé un grand maire, Joseph Servas, et un prélat d’exception, Mgr Tissier. La ville était alors en pleine tourmente et ces deux hommes, que tout a priori opposait, ont trouvé le chemin de la raison pour oeuvrer à l’intérêt général. Ils ne sont pas les seuls, loin s’en faut, à ne pas avoir craint d’affronter l’adversité alors que la patrie était en danger. Ainsi en va-t-il du lieutenant Mendès, un aviateur courageux qui sacrifia sa vie au camp de Châlons, ou encore des soeurs Vatel, insouciantes du danger, ravitaillant des soldats français perdus au milieu des lignes ennemies.


De ces huit longues journées d’occupation, on en connaît le détail par le récit qu’en fit Maurice Pierrat dans le Journal de la Marne en 1915, ou encore par celui conservé à la bibliothèque et dû à son conservateur de l’époque, Octave Beuve. On connaissait par contre beaucoup moins bien le quotidien de Châlons et des Châlonnais durant les cinquante mois qui suivirent. Cette lacune est désormais en grande partie comblée avec l’exposition présentée à la bibliothèque que vient compléter une exposition virtuelle fort documentée. Ce numéro du Petit Catalaunien Illustré, comme le suivant, vient judicieusement apporter sa pierre à ce devoir de mémoire.


Ce numéro s’intéresse également à un trésor enfoui lors des guerres de Religion par un membre d’une famille châlonnaise. Il fut découvert en 2009 à Pouilly-sur-Meuse, à quelques centaines de mètres après la frontière séparant la Champagne-Ardenne de la Lorraine, et est actuellement visible au musée de Châlons avant de rejoindre le musée Lorrain à Nancy. Etrange coïncidence que cette proximité entre ces deux régions, à l’heure où Châlons se retrouve de nouveau dans la tourmente d’une réforme territoriale qui se télescope avec celle des armées. Demain, peut-être, on ne parlera plus que de feu la Champagne-Ardenne dont l’apparente courte histoire vaut la peine d’être contée. En attendant, la mobilisation des esprits est de mise, et pas seulement pour maintenir l’armée1, si, comme le dit le député-maire de Châlons, nous ne voulons pas « nous faire manger tout cru ». 


Ce sujet, comme bien d’autres, était à l’ordre du jour de notre assemblée générale du 26 juin dernier dont nos adhérents trouveront les comptes-rendus avec ce numéro. Depuis cette réunion, le grand chantier du « Dictionnaire biographique de la Catalaunie & des Châlonnais célèbres, illustres ou mémorables » a bien avancé. Loin de la tourmente, il est sur de bons rails, même s’il a pris un peu de retard. Avant de l’amener à bon port et de lancer sa souscription, nous faisons appel aux albums photos des Châlonnais pour compléter son iconographie. Les vôtres, qui sait, contiennent peut-être une des photos qui nous manquent pour finaliser cet ouvrage.


Sabine Schepens

rédactrice en chef


1 Pour nos lecteurs qui ne l’auraient pas signée sur la Foire de Châlons, une pétition est en ligne sur le site de la ville. Pluraliste, elle appelle au maintien de l’Armée à Châlons-en-Champagne.


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