L'édito du n° 97
En attendant la suite
En préparant ce numéro, nous avions en mémoire le précédent perturbé par l’actualité. Elle nous avait contraints de reporter la publication de notre étude historique sur l’ancien couvent des Augustins. Malgré une actualité tout autant chargée, voire bien plus, nous vous en livrons la première partie. Elle bouscule ce que nous savions de son implantation et nous fait découvrir un couvent qui s’est reconstruit sur lui-même en opérant une rotation. Elle lève également le mystère qui entourait une des deux lithographies de Barbat dont la légende prêtait à confusion.
L’actualité, pourtant, nous rappela à notre vocation première, la défense du patrimoine. A peine notre avocat avait-il déposé nos recours contre les arrêtés du maire l’autorisant à bétonner les bassins du grand jard qu’un autre dossier surgit et s’imposa à nous. La construction d’un nouveau blockhaus dans le parc du Castel Marie-Antoinette soulevait une indignation générale. Elle fut accentuée par des propos provocateurs de l’adjoint au maire ayant signé le permis, pour qui « nous devons marquer notre époque de belles réalisations contemporaines ». Ce numéro présente les raisons pour lesquelles l’association Nouvelle Catalaunie a décidé de demander l’annulation de ce permis de construire. Elle rejoint en cela d’autres requérants, dont l’association des Amis du Vieux Châlons.
Le réveil de cette association, née du massacre du quartier Saint-Dominique, est le signe manifeste que notre patrimoine est en danger. Suite au rejet de son recours gracieux, elle devrait également déposer un recours contentieux contre le projet d’aménagement du grand jard. Nos deux associations se sont en conséquence entendues pour rapprocher leurs informations afin de coordonner au mieux leurs actions devant le tribunal administratif.
Le commencement des travaux du grand jard nous a conduit à déposer un référé devant le tribunal administratif. Certains s’étonneront peut-être que nous ne l’ayons pas fait plus tôt, mais une des deux conditions, l’urgence, exigées par la loi pour prétendre demander une suspension des travaux, n’était jusqu’alors pas réunie. Ressenti comme une provocation, le début des travaux a conduit un amoureux des jards à s’y opposer physiquement. Cette initiative personnelle, très médiatisée, nous a conduit à jouer les médiateurs afin qu’il cesse de mettre sa vie en danger sans renier ses convictions. Dans l’affaire, nous déplorons l’inhumanité de la municipalité, plus soucieuse de passer en force que de la santé d’un de ses administrés.
Faut-il s’en étonner ? Non. C’est le fruit d’une culture politique bonapartiste où la concertation avec les potentiels opposants est bannie, comme le montre l’exclusion des associations de l’examen du diagnostic dressé sur le Site Patrimonial Remarquable. Ce comportement a fort surpris les jeunes skatteurs avec qui nous avons discuté lors de ces événements. Ils ignoraient tout des causes de notre opposition et, si nous n’avons pas cherché à les convaincre, nous leur avons apporté les clés pour comprendre ce qu’est un site classé et pourquoi nous nous battons pour protéger le patrimoine afin de le transmettre intact aux générations futures, dont la leur.
En attendant la suite, passez de bonnes fêtes de fin d’année.
Sabine Schepens Bruno Malthet
rédactrice en chef président de l’association.